Déroulement d’un parloir: ce qu’une mère doit savoir
Les parloirs se déroulent dans un espace spécifique (photos et descriptions ICI)
Pour une mère, la décision d’accepter de confier son enfant à une personne inconnue pour l’amener rencontrer son père en prison, n’est pas facile à prendre. Même quand, convaincue que le maintien du lien est nécessaire, elle fait appel au REP, elle craint que les visites en milieu carcéral soient perturbantes. De plus elle pense souvent a priori et à tort que le rôle de notre association se limite à accueillir l’enfant devant la prison, le conduire jusqu’à son père et le ramener, cela sans aucune préparation.
Nous devons donc rassurer, expliquer notre fonctionnement et les retours positifs que nous avons de nos accompagnements.
Aucune situation n’est facile mais nous en atténuons les difficultés grâce à l’engagement de nos bénévoles et à leur empathie, à nos règles de fonctionnement rigoureuses. Nous insistons sur le fait que nous sommes très à l’écoute de l’enfant, notamment s’il exprime le souhait de renoncer aux visites.
La mise en place d’un accompagnement incombe à la coordinatrice de l’association.Toutes les phases préparatoires accomplies, arrive le premier parloir.
L’enfant retrouve son accompagnant(e) dans le lieu prévu ; ils se connaissent déjà. Toutes les étapes de la visite lui ont été expliquées ; il se sent en confiance.
Avant d’entrer, ils font la plupart du temps une halte à ce qu’on appelle « la petite maison ». Il s’agit de l’Accueil des familles, où où ils déposent leurs affaires, une consommation, des biscuits leur sont offerts… les plus jeunes peuvent faire quelques descentes de toboggan. Ces moments avant l’entrée (puis à la sortie) de la prison sont appréciables.
Arrive le moment de pénétrer dans le Centre pénitentiaire. Les formalités à l’entrée sont très rapides. Puis après le passage sous le portique il y a une, deux et, à la 3ème porte, les gardiens -toujours très bienveillants- les conduisent jusqu’au parloir spécifique où le père attend (quelquefois c’est lui qui arrive en second). Il s’agit d’une vaste pièce de 15 m2 environ, éclairée d’une lumière naturelle, meublée de façon relativement conviviale. L’accompagnant(e) ouvre l’armoire dans laquelle l’enfant choisit les jeux qu’il pourra faire avec son père.
Pendant toute une heure père et enfant échangent des jeux, des paroles, de la tendresse pendant que l’accompagnant(e) se tient en retrait, feuilletant une revue ce qui lui permet d’être à la fois discret(e) mais aussi vigilant(e). En revanche -c’est exceptionnel- en raison de la personnalité de certains pères, il(elle) ne doit pas hésiter à manifester sa vigilance avec ostentation.
Dans ce domaine aussi le père étant prévenu sait qu’il doit parler de manière intelligible, ne pas tenir des propos pouvant être perturbants pour l’enfant, ne pas poser certaines questions. Il sait qu’en cas de manquement le parloir pourrait être interrompu et même l’accompagnement suivant la gravité. L’enjeu est donc important.
Ces rencontres peuvent, paradoxalement compte tenu du cadre, être qualifiées de privilégiées. En effet sont-ils nombreux ces enfants ayant une vie normale à l’extérieur qui, pendant toute une heure échangent, sereinement, avec leur père, jouent, sans aucune interruption, interférence telle que le téléphone, la télévision ou autre ?
La relation qui se construit dans ces conditions est forte et ne peut que contribuer au désir de réinsertion du père et, on peut le penser : à envisager une conception différente de son rôle de père.
Un mot sur les accompagnants : ils sont tous bénévoles. Avant leur prise effective de fonction, ils ont été soigneusement recrutés, ont effectué un stage de six mois environ, et participent à la vie de l’association depuis au moins aussi longtemps.